L’avril dernier, nous avons rejoint le projet « pays d’origine » de la Délégation diocésaine des migrations de Nador au Sénégal, avec le désir de contribuer, par notre présence permanente, à la mission d’accompagnement, de service et de défense des migrants dès leur origine. Sur le plan personnel, si nous nous projetons vers le passé, nous sentons que notre présence ici est liée à une sensibilité pour les migrants qui a occupé non seulement une partie de nos itinéraires professionnels, mais aussi de nos histoires personnelles.
C’est cependant un engagement qui ne va pas sans difficultés, qui se manifestent, dans ces premières semaines, dans le besoin d’accepter que les débuts soient complexes, et que la réalité soit tellement différente de ce que nous connaissons, qu’elle demande beaucoup de simplicité et de générosité pour s’approcher et comprendre, en démontant progressivement nos croyances confortables et en assumant que notre façon de travailler, de penser, de vivre… n’est pas la seule. Le défi consiste certainement à trouver l’équilibre entre ce qui nous sécurise et ce qui nous est incompréhensible, mais qui a en réalité quelque chose de fascinant.
Ces derniers jours, nous avons eu l’occasion d’être présents dans la réalité quotidienne de Teffes (M’bour), l’un des endroits où la fragilité et le désespoir se manifestent de la manière la plus crue, où la migration fait partie intégrante des aspirations (et de la douleur) des jeunes et de leurs familles. Et c’est précisément dans ces moments qu’il est révélateur de se rappeler que le fait d’être ici nous permet de répondre à une vocation qui nous appelle à servir aux périphéries de notre monde, à nous approcher d’une réalité qui nous émeut, nous interpelle et nous conduit à mettre nos dons à la disposition de ce défi passionnant et transformateur.